Acheter durable et économiser , c’est possible !
La fonction Achats est au cœur du fonctionnement de l’entreprise. La mise en œuvre des achats responsables est un levier efficace pour décliner le développement durable, une politique de responsabilité sociétale (RSE) au sein de son organisation.
Au delà des enjeux environnementaux, il s’agit aussi dans cette démarche de sécuriser ses approvisionnements, et de maîtriser le risque de défaillance du fournisseur.
La mise en place d’une stratégie achats responsable constitue un axe important d’amélioration de la performance économique de l’entreprise !
Consolider la politique RSE dans son organisation et dans sa fonction achats
Le poids des achats représente en moyenne 60 % du chiffre d’affaires d’une entreprise.
Ils constituent un axe important d’amélioration de la performance économique de l’entreprise. De plus, la fonction Achats est au cœur du fonctionnement de l’entreprise, en contact avec les autres fonctions et l’environnement de l’entreprise, notamment avec ses fournisseurs.
L’entreprise peut décliner les achats responsables directement dans sa fonction achats ou, l’inscrire dans une démarche plus globale de politique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
La publication de la norme ISO 26000 relative à la responsabilité sociétale des organisations a donné un coup d’accélérateur aux achats responsables. Adoptée début 2017 par 22 pays, la norme ISO 20400 a pour objet de s’attacher plus spécifiquement aux processus d’achats responsables.
La norme française NF X50-135-1 décline ses principes dans la fonction Achats et propose des recommandations aux décideurs et acheteurs qui souhaitent maîtriser leurs coûts, tout en anticipant les risques économiques, sociaux et environnementaux.
Les Achats Durables* c’est acheter en préservant « de manière équilibrée et pérenne l’intérêt environnemental, social et économique de l’ensemble des parties intéressées en servant la performance de l’organisme donneur d’ordres à court, moyen et long termes.
Les Achats Durables intègrent les différents aspects du Développement Durable tout au long du cycle de vie des produits ou prestations Achetées » *définition AFNOR NF FD X 50-135 (Association Française de NORmalisation).
Il est possible d’introduire la RSE dans toutes les étapes du cycle achats, en :
– adoptant le bon positionnement et les enjeux entre la stratégie et la vision de l’entreprise, et la politique achats
– définissant le bon cahier des charges
– identifiant et qualifiant les bons prestataires
– choisissant les bons fournisseurs, et en référençant les bons produits
Il est donc urgent pour les entreprises de réaliser que le rôle des Achats va bien au-delà des « simples » audits RSE des fournisseurs.
Le secteur public n’est pas à la traîne et les pratiques d’achat responsable s’étoffent.
En tant que donneur d’ordre son pouvoir incitatif est fort: la volonté politique est forte, créant un terrain propice au développement de démarches RSE et de stratégies d’achat responsable. « A l’heure actuelle, 50 % des marchés gérés par l’UGAP ( Union des Groupements d’Achats Publics) intègrent au moins un aspect de développement durable. D’ici trois ans, ce taux devrait grimper à 80 %. » ( Décision-Achats). Dans le secteur public, les achats responsables sont régis en France par le Code des marchés publics et les lois Grenelle I et II.
Une approche cycle de vie
Les achats durables reposent sur les 3 piliers du développement durable:
– pilier environnemental : Prise en compte de l’impact des décisions d’Achats sur l’environnement, c’est à dire exploiter les ressources naturelles de manière durable, préserver le capital naturel critique, et prévenir des risques
– pilier économique : Prise en compte de l’impact économique des décisions d’Achat sur l’organisme, son environnement et ses fournisseurs dans une logique de coût global, à travers la promotion de coopérations à long terme avec les fournisseurs pour une gestion conjointe des enjeux de développement durable dans le cadre de relations mutuellement bénéfiques
– pilier social : prise en compte des aspects sociaux de la chaîne d’approvisionnement, en particulier le respect des droits humains au travail
Le triptyque QUALITE / COUT/ DELAI que l’on connaissait pour les achats a alors évolué, vers QUALITE / COUT Total de possession / délai/ RSE.
En effet, déployer des achats responsables consiste à revisiter ses besoins, intégrer des critères environnementaux et sociaux. A travers une approche cycle de vie et de coût global, on peut hiérarchiser les impacts de ses décisions achats, et faciliter la prise de conscience d’une responsabilité élargie de l’entreprise, en interne comme en externe.
Cela a pour conséquences pour la fonction achats, d’identifier :
ce qui s’est passé en amont de l’acte d’achat :
– matières 1ères, substances utilisées, mode d’extraction …
– processus de fabrication
– organisation du transport et de la logistique ( modes de transport, distances parcourues)
– emballages
ce qui se passe en aval de l’acte d’achats:
– le produit est -il solide ?
– nécessite-t-il des prestations de maintenance ? Est-il facilement réparable ?
– que se passe t-il à la fin de son utilisation ? Le produit est-il détruit, recyclé, valorisé ?
Selon le contexte de l’entreprise (secteur d’activité, taille, etc.), la nature des achats (achats de fonctionnement/achats de production par exemple) ou les enjeux jugés prioritaires de traiter, l’approche en cycle de vie peut avoir diverses utilités, comme:
– agir d’une manière cohérente et globale en ayant une vision exhaustive des différents impacts
– cibler les impacts environnementaux prioritaires, en ayant par exemple une démarche avec les fournisseurs de produits eco-responsables ( par exemple dans le cas de nouvelles solutions technologiques), développement d’écoproduit
– de comparer différentes offres sous un angle impacts environnementaux
– de proposer des solutions alternatives
Pour mettre en place une telle démarche, il est nécessaire de déterminer les impacts de l’activité de l’entreprise et de ses achats et de sensibiliser les collaborateurs à ce type de méthode.
Des préoccupations réelles pour les entreprises
De nouvelles lois mises en place ont des impacts directs sur les décisions achats.
Par exemple , la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire interdit l’élimination, autrement dit la mise en décharge et l’incinération, des produits non alimentaires invendus. Les entreprises devront désormais donner ou recycler leurs produits invendus. Il s’agit des produits d’hygiène quotidienne, des vêtements, des produits électroniques, des chaussures, des livres, de l’électroménager, etc.
Chaque année, entre 10 000 et 20 000 tonnes de produits textiles sont détruits en France. Toutes les enseignes, producteurs, distributeurs et plateformes de commerce en ligne auront l’interdiction d’éliminer leurs invendus. La mesure vise ainsi à dynamiser le don. L’entrée en vigueur est prévue au plus tard le 31
décembre 2021. On voit ainsi apparaître dans les appels d’offres, des questions pour évaluer les solutions proposées par les candidats sur la gestion de « la fin de vie » des produits.
Par exemple, depuis 2017, la marque Novotel du groupe AccorHotels, en collaboration avec son fournisseur Cepovett, a mis en place le recyclage post consommation de ses anciens uniformes d’établissements hôteliers recyclés en tabliers de restauration, des uniformes qui redeviennent des vêtements, en boucle fermée.
Fin juillet 2020 le gouvernement a transmis à la commission européenne les projets de décrets concernant les modalités d’affichage, la signalétique, le détail des critères pris en compte et les paramètres de calcul concernant l’application d’un indice de réparabilité.
Cet indice devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2021.
Un indice de réparabilité permettra au consommateur de savoir si son produit est réparable, difficilement réparable ou non réparable. Il aura les moyens d’agir via un outil simple et visuel. Objectif : atteindre 60 % de taux de réparation des produits électriques et électroniques d’ici 5 ans. Le ministère de la Transition écologique et solidaire, l’Ademe et les acteurs du secteur travaillent à un indice simple (une note sur 10) apposé directement sur le produit ou son emballage et sur le lieu de vente (à côté du prix du produit par exemple).
À moyen terme, les travaux sur l’indice de réparabilité permettront de l’enrichir afin de tendre vers un indice de durabilité.
Afin de faciliter la réparation et favoriser l’utilisation de pièces détachées issues de l’économie circulaire, le consommateur bénéficiera, lors de l’achat de son produit, d’une information sur la disponibilité et l’indisponibilité (nouveauté) des pièces détachées.
Le réparateur aura par ailleurs l’obligation de proposer au client des pièces détachées issues de l’économie circulaire.
La diminution du plastique est un autre sujet clé avec, en France, le « Pacte national sur les emballages plastiques » et, à l’international, avec l’accord à l’ONU de réduire significativement les produits en plastique à usage unique d’ici à 2030. La fonction Achats peut initier des démarches de re-conception à coût objectif avec les fournisseurs de packaging existants, afin de diminuer la consommation de plastique et le poids des emballages. C’est ce qu’a initié, par exemple, la Direction Achats du Groupe Yves Rocher, en collaboration avec le marketing et la production.
La fonction Achats peut ainsi sourcer de nouveaux fournisseurs innovants et signer avec eux des contrats de co-développement sur le développement de matériaux de substitution ou l’incorporation de matières premières recyclées.
D’un point de vue de la performance extra-financière, cela permet d’inscrire l’entreprise dans une démarche d’écoconception, de contribuer à la limitation des consommations de matières plastiques en poids, d’augmenter le pourcentage de matières recyclées, tout en réduisant le coût complet du produit.
L’écoconception permet par exemple d’accroitre la marge bénéficiaire de 12 % par rapport à une conception traditionnelle, selon une étude menée par l‘ADEME (2014).
Les directions repensent également la gestion de leur supply chain pour limiter au mieux les émissions de Gaz à Effet de Serre ( GES) lors du transport des biens et marchandises : optimisation des schémas de déplacement des livraisons, évolution des parcs automobiles pour aller vers des véhicules moins polluants, formation des collaborateurs à l’éco-conduite…
Les politiques voyages sont également revues pour limiter les déplacements des collaborateurs à leur juste nécessité, …
Le changement de paradigme ne se fait pas en un jour. Raison de plus pour mutualiser les innovations, transférer les bonnes pratiques issues d’autres secteurs et accompagner les sous-traitants dans leur transformation, en gardant en tête l’adhésion de toute la chaine de valeur.
L’étude « Tendances et priorités des départements achats », réalisée par le cabinet AgileBuyer avec le Conseil National des Achats en 2020, montre que la réduction de l’empreinte carbone est citée par 52% des directions achats comme la contribution numéro 1 des achats à la stratégie de l’entreprise et détrône l’économie circulaire (citée à 63% en 2019).
Des bénéfices concrets
Contraintes par de nouvelles lois, poussées par des consommateurs plus regardants, des clients impactés par le devoir de vigilance, les organisations peuvent tirer bénéfices de la mise en œuvre des achats responsables.
Cela constitue un projet fédérateur en interne et en externe, l’occasion de progresser main dans la main, de déterminer les axes d’amélioration, de bâtir une stratégie, de réaliser un plan d’actions à prioriser en fonction des impacts.
Raisonner en cycle de vie des produits et services et en coût global permet une meilleure maîtrise des coûts, une meilleure maîtrise des risques (sociaux, environnementaux, économiques). Cela constitue pour les entreprises un levier de performance en transformant ces actions en avantage concurrentiel, en améliorant leur image auprès des partenaires et des clients.
Ces éléments permettent aux entreprises d’améliorer leur performance extra-financière.
Pour cela, elles doivent redéfinir les missions de leur Direction achats, et arrêter de les cantonner à la pure réduction des coûts, et à la conformité fournisseurs. Les interfaces entre Direction achats et RSE , et instances internes décisionnaires doivent être renforcées, car la responsabilité de l’entreprise s’exerce sur l’ensemble de sa sphère d’influence, c’est à dire tout au long de la chaîne d’approvisionnement, de l’extraction des matières premières nécessaires à la fabrication d’un produit jusqu’à la fin de vie de celui-ci (déchets).
Cela constitue pour les organisations un vecteur d’innovation et de création de valeur, en synergie avec les fournisseurs et prestataires et le tissu économique local.
En apportant des solutions innovantes et différenciantes à ses clients, l’achat responsable est une vraie création de valeur pour le client final.
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